Washington, de notre correspondant
«On me propose 2,7 mil-lions au téléphone. Qui en veut? 2,8 mil-lions. Attention à tous. Une fois. Deux fois. Adjugée. 2,8 millions de dollars.» Et c'est ainsi que, mardi soir, au Madison Square Garden de New York, Joane Grant, commissaire-priseur de la société d'enchères Guernsey's, a établi un record historique. Un sommet dont s'enorgueillit l'Amérique: 3 millions de dollars (avec les commissions au vendeur), soit près de 17 millions de francs (ou 2,54 millions d'euros) pour un objet qui, dans les magasins spécialisés, ne vaut pas plus de 5 dollars (30 francs ou 4,2 euros). Le délire spéculatif et la folie d'un monde sportif dominé par l'argent ont fait de l'objet l'équivalent d'une relique sacrée. Pourtant, il ne s'agit là que d'une petite balle de cuir, produite à 70 000 exemplaires par an pour le compte de la société Rawlings par les «petites mains» du village de Turrialba, au Costa Rica, et fournie par la Ligue professionnelle de base-ball à l'équipe des Cardinals de Saint Louis (Missouri). Un simple coup de batte l'a transmuée, le 27 septembre, en ce que la presse appelle «le diamant bleu des collectionneurs de souvenirs sportifs». Car ce coup a été porté par Mark McGwire, l'homme qui est en passe de succéder à Michael Jordan (retraité depuis mercredi) comme l'idole du sport aux Etats-Unis. En expédiant la petite balle hors du terrain dans les tribunes, «SuperMark» avait marqué son 70e home run (coup gagnant) de la saison et pulvé