Salt Lake City envoyé spécial
«La corruption n'a pas commencé avec nous. Mais peut-être s'arrêtera-t-elle ici.» Robert Garff assène ce voeu pieux avec la voix blanche d'un sermon du dimanche. A l'entendre, tout va (presque) bien à Salt Lake City. Sydney aurait fait pire. Nagano pas mieux. Sans parler «du reste». Les accusations qui ébranlent la capitale mormone «vont passer», veut croire le président du conseil d'administration du comité d'organisation des Jeux de 2002 (le Sloc). «Maladresses.» Pour s'en persuader, Garff déploie des trésors de langue de bois, à peine usée par deux mois de scandale. L'homme est blindé. Ça tombe bien, ce mormon si respectable travaille dans la voiture. Grosse cylindrée de préférence; c'est le plus gros concessionnaire local. Un sens du business qui ne l'empêche pas, en plus, d'être président du comité d'éthique mis en place lorsqu'éclata le scandale de la corruption. Dans la capitale de l'Utah, ce genre de proximité douteuse ne choque pas. «Le comité est une entreprise privée, pas un service public», se défend Garff. Entre deux coups de fil à la presse américaine, il reçoit d'ailleurs dans son bureau Mercedes.
Deux membres du Sloc en ont profité pour faire tourner leur entreprise locale? (1) «Il y a beaucoup d'inexactitudes dans ce que dénonce la presse, élude-t-il. De plus, tous les actes répréhensibles ont été accomplis par des membres du comité de candidature (dissout en 1995, ndlr), et pas du comité d'organisation.» Cela n'empêche pas les