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Libération

Derrière le pilier. Chez ces gens-là, on ne joue pas"" Serge Simon, pilier du Stade français, raconte la saison internationale pour «Libération».

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publié le 1er février 1999 à 23h33

Je m'imagine à la place d'un joueur de Colomiers. Il entre sur le

terrain de Lansdowne Road les tripes dans la boîte à gants. Mais il est bardé d'Elastoplast et de certitudes savamment accumulées ces derniers jours au fil des séances vidéo et des laïus des entraîneurs. Pour faire court, il sait que ces types ont une défense de fer. Qu'ils sont très bons dans la récupération. Qu'ils ont un ouvreur qui est le fils impossible de Christophe Deyleau pour la vista, de «Cambé» pour le jeu au pied et de Vincent Moscato pour le casque. Il peut aussi penser que protestants, catholiques ou bouddhistes il faut s'en foutre; que ces types sont comme eux. Sauf peut-être qu'ils aiment un peu plus la bière. Et enfin, en bon Français, il est convaincu que l'arbitre celte ne va pas leur faire de clin d'oeil en sortant des vestiaires. Le voilà donc prêt. En fait, croit-il, il suffit de jouer comme ils savent le faire: mouvement, déplacement, initiative, conservation de la balle, défense. Et tenter de faire comprendre à ce «dix» adverse qu'aujourd'hui, c'est pas ravioli. Sauf que, dès le coup d'envoi, le sentiment bizarre (la mauvaise réception inhabituelle d'un ballon en apparence facile) se transforme, au fil des minutes, en un sentiment d'impuissance envoûtant. Le match se déroule exactement comme il ne faut pas. Tout semble écrit, inéluctable. Le cauchemar des Toulousains et des Parisiens est en train d'envelopper les Columérins. Ils ne sont pas dépassés physiquement, techniquement, encore mo