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Libération

En face, un courant d'Eire frais. L'Irlande récolte les fruits de sa nouvelle politique sportive.

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publié le 6 février 1999 à 23h39

Dublin, envoyé spécial.

«How will the French tackle five millions of us?» Un peu partout en Irlande, des affiches répètent cette question en forme d'évidence. Effectivement, s'il s'agit de «plaquer cinq millions d'Irlandais», ce sera un rude match pour les Français. Certes, il ne faut rien exagérer. Jusque-là, il ne s'agit que d'une phrase sortie du cerveau fiévreux d'un publicitaire. Mais, quand même, la fédération irlandaise (Irfu) mobilise les grands moyens. Il n'y avait jamais eu une telle campagne avant un match de rugby. Il est vrai que, depuis samedi dernier, l'Ulster, province nord-irlandaise, est tenante de la Coupe d'Europe et que l'Irlandais de la rue, en l'occurrence le Dublinois, n'en revient pas. Ce n'est pas tant le rugby qui l'épate, mais la victoire.

On ne peut pas dire en effet qu'il soit particulièrement porté sur ce sport. Ici, il y a une vieille légende de la boxe (un peu jaunie), le même goût qu'ailleurs pour le foot, une fièvre propre pour le hurling ­ un genre de hockey sur gazon archaïque qui se joue avec acharnement et sans protège-tibias ­ et un football gaélique, plus rural. Mais enfin, depuis samedi, le seul sport qui gagne, c'est le rugby.

Tombent les livres. En Irlande, c'est un sport de bourgeois. Et de catholiques depuis que l'immense majorité des protestants a émigré en Angleterre et en Ulster après l'indépendance. Si le développement du rugby est lié à celui de la bourgeoisie, il devrait exploser en Irlande. Dans cette espèce de zone franch