Serge Simon, pilier du Stade Français, racontela saison
internationale pour «Libération».
Voilà un match historique, et ceci pour au moins trois raisons. La première parce tout le monde a pu constater les dangers de la publicité pour le rugby. Elle peut, comme ces peintures bleu et rouge de la pelouse de Lansdowne Road, transformer les joueurs en clowns. La seconde parce que ce match restera dans les corps et les mémoires des joueurs comme un des plus durs et des plus beaux matchs de rugby de notre temps. Cette victoire souligne la formidable performance des joueurs français. Temps pourri, bourrasques de vent, de pluie et de coups, Irlandais fous furieux se jetant sur le Français comme les cégétistes de La Hague sur Daniel Cohn-Bendit et toujours l'histoire du peuple irlandais comme terrain de jeu. Pas fastoche" D'autant plus que cela se passa comme on pouvait le craindre: petit à petit, Humphreys fit son nid, les Verts firent des bleus mais les Français ne virent pas rouge. Ballottés, provoqués, piétinés, meurtris, les Français ne tombèrent jamais dans la toile que l'araignée britannique tisse d'habitude autour de nous et dans laquelle nous ne manquons jamais de nous engluer. Les Bleus restèrent quasiment maîtres de leurs gestes, mais aussi de leur esprit. Concentrés sur la victoire, attendant dans la tempête le moment opportun pour frapper. Ce fut cet essai d'angle, cet essai de solidarité, cet essai d'ombre et de boue qui replaça la France dans la course, tout en laissa