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Libération

Lucie Albert, venue souffrir en coulisse. La judokate est partenaire d'échauffement. En attendant mieux.

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publié le 13 février 1999 à 23h44

Coubertin se remplit peu à peu. Derrière une des tribunes

officielles, masqué par des tentures bleues, le couloir est glacial. Dans une salle dérobée, quelques tapis jonchent le sol. Deux ombres s'entrechoquent près du mur en béton pour un ultime échauffement. A l'entrée du tatami central, Anne-Sophie Mondière est presque prête pour affronter la Roumaine Simona Richter pour son premier combat en moins de 78 kg. A côté d'elle, Lucie Albert lui prend le coude, la bouscule, lui donne des coups de pied. Son ex-copine de chambre à l'Insep (Institut national de sport et d'éducation physique) se laisse faire sans mot dire, condamnée à assouvir l'instinct guerrier de son amie. Pour le Tournoi de Paris, Lucie, 19 ans, n'est que partenaire d'échauffement, sans doute le rôle le plus ingrat qui soit dans ce système pyramidal où chaque catégorie ne compte qu'un seul leader et son prétendant.

Amertume. «Tu travailles comme les autres jusqu'au dernier instant, puis, au moment de partir pour un tournoi, tu ne reçois ni équipement ni billet d'avion.» Lucie Albert analyse sa situation avec le sourire. Venue spécialement du centre d'entraînement de Lille, l'ancienne pensionnaire de l'Insep, éloignée de la capitale à cause d'une fracture de la dernière vertèbre, n'a pas hésité une seconde: «Je fais ça pour une amie, j'y mets donc plus de coeur.» Batailles de garde, chutes à répétition, simulation, la lutte acharnée qui vient de se passer sur un bout de moquette verte s'est terminée à terre, sans