Salt Lake City envoyé spécial
Et si Salt Lake City était aussi tombée par sa propre cupidité? Et si, avant d'être «victime d'extorsion» de la part de membres du Comité international olympique (CIO), la ville organisatrice des Jeux olympiques d'hiver de 2002 avait aussi été victime de sa «culture» locale? On peut, comme s'en défend le comité d'organisation de Salt Lake City (Sloc), dire que la pomme de la corruption dans l'olympisme était suffisamment mûre pour tomber et que «la corruption n'a pas commencé ici». Mais c'est oublier un peu vite que la chute de Salt Lake s'explique aussi par sa volonté revancharde d'accéder au statut de «world class city». Après trente ans de rêve d'Olympie («On a trop longtemps refilé des chapeaux de cow-boy quand les Japonais donnaient des voitures»), les JO de 2002 devaient sceller un destin universel (1).
Un gros gâteau à partager pour le marigot des notables Surtout, le scandale prend toute sa dimension à la lecture d'une petite ville dépassée par sa culture revendiquée du trafic d'influence, ses antécédents de scandales plus ou moins étouffés, son absence grandissante de contre-pouvoirs réels. Salt Lake n'a pas attiré le scandale. Mais elle a offert un terreau de rêve au grand déballage. Voilà un microcosme-marigot, une forme d'Etat dans l'Etat où tout le monde tient tout le monde, où les renvois d'ascenseur sont la moindre des politesses, où les cumuls de mandats sont un baromètre du pouvoir et où le lobbying implique quelques retours sur i