Comment passer de «sauvetage mode d'emploi» à «croisière mode

d'emploi»? Mardi, quelques minutes après avoir réussi l'embarquement d'Isabelle Autissier, en perdition dans le Grand Sud (Libération d'hier), Giovanni Soldini écrivait dans un télex qu'il allait «faire une belle croisière avec Isa». Lors d'une liaison radio hier matin, les deux marins ont tenu à en expliquer les modalités. D'abord, Autissier reste à bord jusqu'à Punta del Este, en Uruguay, le terme de la troisième et avant-dernière étape d'Around Alone, la course autour du monde en solitaire avec escales. La débarquer aux alentours du cap Horn n'aurait pas été chose facile. Le Horn, c'est connu, est un obstacle capricieux: on ne sait jamais comment sera la mer. «J'essaie de ne pas trop déranger», se marre Autissier, «en pleine forme» et visiblement peu affectée par vingt-quatre heures d'angoisse. «Je crois que si je suis sage je pourrai rester. C'est plus simple que Gio puisse continuer sa course sans modifier son parcours.» Ensuite, le duo a expliqué, très franc du collier, sa philosophie du règlement de la course. «Il serait hypocrite de dire qu'à deux à bord, il y aura un poids mort, dit Autissier. Ce n'est pas mon bateau, ce n'est plus ma course. C'est clair que c'est Gio qui manoeuvre, mais on est quand même deux marins à bord. Je suis passagère, je ne prends pas de décisions.» Soldini insiste: «Il n'y a rien dans le règlement là-dessus. Nous sommes deux jusqu'à Punta del Este. Et, s'il y a un problème, un gr