Quand Tiger Woods déplace les foules, quand Mark O'Meara redonne
l'espoir à tous les quadras de la planète golf, quand Fred Couples fait battre les coeurs, David Duval, lui, sort les clubs de son sac, vise, frappe, soulève le trophée et fuit la publicité. Il y a, chez ce Floridien de 27 ans, la gestuelle glacée du tireur d'élite. Sur le circuit américain (PGA Tour), de loin le plus sélectif du monde, il a mis dans le mille. Et dans les millions: record de gains la saison dernière, avec près de 15 millions de francs. La nouvelle année de golf à peine entamée, le meilleur joueur du circuit américain a «scoré» en dessous des 60 à La Quinta (Californie): 59 coups pour gagner le Bob Hope Classic, l'un des plus importants tournois du PGA Tour. Deux tournois joués, deux tournois gagnés depuis le 1er janvier. Et le record des gains promet déjà d'être pulvérisé: en deux semaines, ce prodige du golf a déjà empoché près 5,7 millions de francs.
Sa route barrée en 1998 par O'Meara, David Duval n'a pas hérité du titre si envié de «meilleur golfeur de l'année». Mais il peut encore attendre. Depuis qu'il est passé pro, en 1993, il connaît en effet mieux que quiconque le prix de la patience. Il lui a fallu près de cinq ans pour entrer dans le cercle des vainqueurs. Et une éternité pour sortir de sa gangue et se sentir enfin heureux en jouant au golf. Le temps nécessaire pour abattre des murs derrière lesquels il s'enfermait depuis l'enfance. Pour alléger son corps d'une vingtaine de kilos et