Le Cap correspondance
Pour se protéger du soleil meurtrier, les vieilles dames ont planté leurs ombrelles près de leurs sièges pliants. Leurs mains délicates et diaphanes tremblent un peu lorsqu'elles déposent précipitamment leurs tasses de thé pour applaudir les joueurs qui viennent de marquer. Juste à côté, des mamas africaines au tour de taille impressionnant, esquissent quelques pas de danse pour encourager leur équipe. Ada, elle, est venue avec toute sa famille. La quarantaine blonde platine, munie de son Thermos de thé et d'une petite boîte de gâteaux anglais, elle suit tous les matchs de cricket qui se déroulent au Cap. Des journées entières passées au bord des pelouses à suivre le subtil ballet des équipes qui s'affrontent lors de joutes interminables. «Malheureusement, je ne peux voir les matchs que le week-end. Pendant la semaine, il faut bien que je travaille», pouffe Ada qui rêve de faire l'école buissonnière.
Terra incognita. En Afrique du Sud, le cricket et le rugby suscitent depuis longtemps des passions sans compromis, transmises de génération en génération. Au Cap, les fans du cricket, comme ceux du rugby, ont ainsi leur temple: le stade de Newlands, blotti à l'ombre de l'imposante montagne de la Table qui domine la ville. Mais ce jour-là ce n'est pas à Newlands que se déroule le match. Pour la première fois, la foule des aficionados s'est déplacée en masse dans un lieu inédit, pour beaucoup une véritable terra incognita: Langa, le plus vieux township du Cap,