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Libération

Murdoch-Manchester, le match d'un géant et d'une légende

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publié le 1er mars 1999 à 23h58

Manchester envoyé spécial

C'est un architecte propre sur lui, dans un pub de soir de match, qui dit: «Jusqu'à présent, le foot utilisait la télévision pour asseoir son pouvoir et servir notre cause. Aujourd'hui, c'est l'inverse.» C'est une infirmière rondouillarde, qui largue le tiers de son salaire pour suivre son club, qui ajoute: «Le foot, c'est mon unique rêve. On veut nous le crever.» C'est un thatchérien repenti, qui conclut: «Murdoch-le-prédateur incarne facilement la figure du mal, mais pas toujours à tort.» Rupert Murdoch. Manchester s'est trouvé un bouc émissaire, un catalyseur des maux qui hantent un foot anglais: foot business et guerre numérique. «Un mythe à assassiner», dit un de ses rares défenseurs. Mythe contre mythe, le clash était inévitable. Mais l'issue tourne à la fable: la révolte des «gardes rouges» de Manchester United est en passe de faire plier le magnat de la presse. «Ce serait une première mondiale», dit un supporter. Qu'a donc fait Murdoch? Une OPA. Une tentative de mainmise sur un symbole, une institution. Depuis sa création en 1878, Manchester United (MU) a fabriqué des légendes (Busby, Best, Cantona, Ferguson, etc.), nourri des larmes (la disparition de l'équipe dans un crash d'avion en 1958) et abreuvé un palmarès à rallonge. Le 7 septembre 1998, le club le plus riche du monde a été pris de vertige quand le président de News Corp. a décidé, via le bouquet télé BSkyB, de s'offrir ce trésor national.

Pour en forcer les verrous, le tycoon austra