Des parpaings, des missiles, des Exocet. Du suspense, de la tension,
et des retournements de situation. Et pour finir, un tie-break superbement négocié. Pendant près de deux heures. Et puis une joie quasi enfantine, un visage hilare, des petits sauts de biche. Et un merci au public bredouillé en français. Un public barbouillé: Serena Williams, 17 ans, vient de remporter le 7e Open Gaz de France contre Amélie Mauresmo 6-2, 3-6, 7-6 (7-4). Sa première victoire en tournoi pour sa première finale. La cadette des Williams, qui a fait une cure de Françaises cette semaine (elle a battu Tauziat, Halard-Decugis, Dechy et enfin Mauresmo), c'est un beau bébé d'1,78 m pour 65 kilos, avec des perles roses, blanches et mauves dans les cheveux (marque de famille). C'est un bras droit qui crache le feu. Ce sont des «oumpf...» d'incrédulité arrachés aux travées par la fulgurance, la violence et la précision de ses coups. Et c'est une innocence qui lui fait dire après le match: «Je n'ai pas l'impression que Mauresmo tape si fort que ça. C'est peut-être parce que moi aussi je tape fort.» C'est enfin et surtout celle qu'on n'attendait pas (encore).
Serena est cette fille dont la soeur, Venus, disait il y a deux ans, alors que la cadette balbutiait sur le circuit pro: «Elle est meilleure que moi. Elle deviendra rapidement numéro 1 mondiale.» C'est cette adversaire dont Mauresmo dit: «Je n'imaginais pas cela. Je n'arrivais pas à lire la trajectoire de ses balles.» Rien ne l'a impressionnée hier. N