Punta del Este envoyé spécial
Eclairé par le rayon d'un hélicoptère, un monocoque trace vers la ligne d'arrivée. Giovanni Soldini boucle la troisième étape d'Around Alone, la course autour du monde en solitaire avec escales. Son bateau file un train rapide, comme s'il voulait prolonger la course et retarder la rencontre avec les lourdes vedettes du comité d'accueil. Une dizaine l'encadrent, bourrées jusqu'à la gueule, de journalistes surtout. Car il ne s'agit pas là de saluer un vainqueur. Mais «un héros de la marine, un grand jour pour l'Italie, un homme qui peut être très fier de ce qu'il a fait». C'est l'ambassadeur italien, venu de Montevideo, qui le dit. Il faut aussi capter, grignoter, violenter les dernières minutes du couple sauveteur-rescapée. Soldini et Autissier naviguent ensemble depuis le 16 février, depuis le milieu du Pacifique et la miraculeuse récupération de la Française par l'Italien. Après des jours sans vent le long des côtes de l'Argentine, la «dépanneuse des mers» a enfin trouvé un souffle d'air. Elle ne veut plus le lâcher: la grand-voile est presque haute.
Nuit déclinante. Les bateaux escorteurs en profitent pour se rapprocher. A bord, les hommes d'image se bousculent. Il faut saisir la part du mystère clapoteux, l'intimité de ces quinze jours «cahoteux». Les proches aussi sont là, la direction de la course. La flottille joue alors à frotte-coques. On frôle le bateau-tamponneuse, le Fila de Soldini flirte avec l'accident. Autissier, agacée: «Quel mer