Punta del Este envoyé spécial
Histoire terminée: les plumitifs rangent les crayons et débranchent les micros. En mer, en revanche, la course continue. A 400 milles du port urugayen, Jean-Pierre Mouligné, leader du classement général d'Around Alone en classe II (1) avec sept jours d'avance sur le second, veut accrocher le grand chelem: la victoire des quatre étapes de l'épreuve en solitaire autour du monde. La bataille est rude, ses deux poursuivants sont à bloc. Sur la ligne d'arrivée, ils veulent inverser l'ordre établi. L'Américain Brad Van Liew, surtout, troisième, se sent une belle carte à jouer. Son bateau est très à l'aise avec le vent dans le nez, à la différence des plans Finot de l'Anglais Michael Garside et Mouligné. «Enfin, les vents que j'at-tendais sont arrivés, écrivait-il hier, mais j'espère qu'il n'est pas trop tard.» Mouligné sait donc d'où vient le danger: «Les prévisions météo des prochains jours montrent que le vent de face sera costaud, et Brad va revenir très fort.» Le Français tire sur son bateau pour garder ses distances. A terre, ses proches l'encouragent par e-mail et ponctuent chaque milles difficilement gagnés par des «Yeah, Go! Go! Go! "Djépi"». Le Français joue avec ses limites: «Avec le manque de sommeil, je me sens comme un zombie, écrit-il dans son dernier télex, et tout prend deux fois plus de temps». Après trois semaines dans le froid, il ne pense plus qu'à une chose: «L'idée de retrouver un lit sec tourne à l'obsession.» En arrivant samed