C'est un type étrange, tendance magnétiseur. Il sourit. C'est plutôt
rare pour un joueur d'échecs. C'est un type si étrange qu'il semble parfois étranger à un monde très noir et blanc. Lui est plutôt haut en couleur, nonchalant, désinvolte. Ni trop sérieux, ni trop autiste, ni trop égocentré. Gueule d'ange (et parfois de bois), style démoniaque (et accents baroques), Vladislav Tkachiev dit: «J'aime le jeu, sa part de vérité. J'aime être illuminé. Quand vous trouvez un coup génial, vous tenez un bout d'univers entre les doigts. C'est futile, mais si beau"» Il ajoute: «Quand j'ai découvert les grands du jeu, je n'ai vu que des visages gris, introvertis: des bagnards du jeu.» Il rêve à voix haute de devenir champion du monde. Curieux pour un type qui, il y a deux ans, confiait vouloir arrêter de se torturer l'esprit. Culotté: à 25 ans, il pointe encore loin des cadors de l'échiquier (39e mondial). «Il vaut beaucoup mieux», dit un expert.
C'est un type étrange, plutôt branleur dans l'âme. «C'est un joueur, façon Nabokov», ose un proche. Il empoche 300 000 F dans un tournoi en 1997 et, dans la foulée, «passe six mois à rien foutre». Le joueur, débarqué au club de Cannes Echecs il y a quatre ans, dit ça, avec un français au forceps. On peut le croire. Prenez Enghien, où il joue jusqu'à demain. Il y navigue entre réflexion désabusée et séance défoulatoire au casino. Il a préparé à sa manière son rendez-vous avec Joël Lautier, n°1 français: une virée à Pigalle. Avec son secondant, un