Londres envoyé spécial
Longtemps, Lawrence Dallaglio fut un objet de choix pour la presse des larmes. A 17 ans, le futur capitaine du XV anglais a perdu sa soeur bien-aimée dans le naufrage d'un bateau sur la Tamise, qui fit 51 morts. On l'interrogea souvent là-dessus, ça faisait du drame humain, un grand corps avec un coeur brisé. La peine n'était pas feinte car, quand il eut les moyens, il emménagea dans une péniche ancrée sur la Tamise, près du cimetière en quelque sorte, derrière Twickenham toutefois. Dallaglio n'habite plus là. Il attend un deuxième enfant, et, à 26 ans, il est en train de devenir un héros anglais, blond, fougueux, volonté de fer, héroïsme obstiné, inusable fierté.
Mais Lawrence Bruno Nero Dallaglio, comme on le voit, n'est pas entièrement anglais, il l'est même de justesse. Un père immigré italien, une mère anglo-irlandaise, et catholique par-dessus le marché. Il est pourtant totalement anglais, comme joueur de rugby, anglais de la tête au pied, acharné au combat physique. Le troisième ligne Dallaglio n'a pas la vision et la créativité d'un Neil Back, il n'a pas la force explosive de Tim Rodber, qui joue maintenant seconde ligne. Mais il a une constance sans faille, possède un peu de toutes les qualités, rien pour faire un joueur éclatant, tout pour faire un sujet brillant.
Bon vivant. A voir comme ça, il a une tête de belle brute, le torse et les épaules qui vont avec, le regard trop clair pour nous autres qui ne pouvons y voir que l'expression de la mo