Il y a un parler sport, comme il y a des coupés. Mais celui-là décoiffe moins. Le parler sport n'est pas vraiment une langue de bois. Il emploie seulement des mots usés, devenus translucides. A Clairefontaine, les joueurs de l'équipe de France sont venus tous les jours depuis mardi, six par six, se prêter aux «médias». Ça tourne aussi rond qu'une horloge. Il y a un studio de télé, un de radio, un espace informel pour la presse écrite. Les joueurs arrivent à l'heure et se partagent. Pas de temps morts.
Décor. Quand il répond aux télés, le joueur de l'équipe de France ne peut le faire ailleurs que devant un décor où fleurissent les noms des sponsors. Quand il parle à la presse écrite, il est entouré d'une dizaine de journalistes, plus parfois. Se prêter aux médias, ça fait partie du contrat. «Quand un joueur arrive en équipe de France, dit Philippe Tournon, chargé des relations avec la presse, je le mets au courant de cette règle qui va avec la sélection.»
Sylvain Wiltord est un nouveau chez les Bleus: «Les obligations de presse, ce n'est pas ce qui m'attire le plus dans le foot.» Les journalistes ont senti ses réticences. «Je vis ma vie, je fais mes matchs. Je ne cherche pas à donner une image de moi.» Un instant plus tôt, en un signe de politesse surannée, il a enlevé son bonnet de laine, et sa tête nue montre maintenant des cheveux décolorés et rasés en forme de calotte. Il parle d'une voix douce, et aucune de ses réponses n'est inattendue. La sélection? «C'