Numéro 10, technicien, populaire, Alain Digbeu rêvait de devenir ce
joueur d'exception. En 1987, ses copains pensaient Platini, il a tranché: «Mon dieu s'appellera NBA.» Alain avait 12 ans et il venait de vivre sa révélation devant une cassette du All-Star Game, où s'affrontent les meilleurs joueurs de la ligue pro américaine. Suivent ses débuts dans l'équipe de basket de Vénissieux, son entrée au centre de formation de l'Asvel, ses deux titres de meilleur espoir en 1994 et 1995. Un raccourci trop simplificateur, trop linéaire pour raconter Digbeu, bien parti pour atteindre les demi-finales du championnat de France avec le club villeurbannais (lire ci-dessous). «A la cité, j'étais une grande gueule, une tête de lard qui savait tout faire mieux que les autres. Le monde professionnel m'a bien remis à ma place.» «Travailler». Il n'a pas appris la soumission ni le style, mais l'abnégation. «Travailler, travailler, travailler.» Il n'a que ce mot à la bouche. «Ce mec-là, c'est comme mon frère. Mais à l'entraînement j'aime plaisanter, lui pas. C'est un bosseur, un vrai.» Moustapha Sonko adore son partenaire villeurbannais, auquel les médias l'ont toujours comparé, du fait de leur apprentissage commun sur les playgrounds (terrains) des cités. Les matchs à trois contre trois sur le bitume, Digbeu connaît. Le dunk (smash), le alley-hoop (balle récupérée en l'air avant de la smasher) le fade-away (saut et tir en reculant, spécialité de Michael Jordan) c'est son jeu, celui appris dans l