Les muscles du visage tendus, les yeux rivés sur sa pierre comme pour lui transmettre à distance toute son énergie, Patrick Hürlimann poursuit une lente glissade. Soudain, des hurlements sauvages sortent de la gorge du capitaine de l'équipe suisse, championne olympique de curling. C'est le signal: les deux «balayeurs» entrent immédiatement en action et caressent la glace de la piste dans de rapides mouvements latéraux. Leur intervention, qui consiste à faire fondre la mince pellicule de glace, grâce au frottement de leurs balais en poils de porc, maintient la trajectoire et la vitesse de la pierre en favorisant l'aquaplanage.
A une quarantaine de mètres de là, juste à l'entrée de la «maison» une cible de 3,7 m de diamètre dessinée sur la glace le quatrième membre de l'équipe désigne du manche de son balai l'endroit précis où la pierre doit se positionner. Encore quelques cris, quelques mimiques d'approbation autour de la piste, quelques centimètres de gagnés et l'énorme palet de 20 kg s'immobilise à la place prévue. «Superbe coup», commente Jean-Paul Bidaud, président du club Lausanne-Olympique où s'entraînent les champions. «C'est une pierre de garde. Elle est en plein au milieu du jeu et nos adversaires vont avoir de grandes difficultés à la déloger sans casser leur propre position.»
Revanche. Depuis les Jeux olympiques de Nagano, en février 1998, la Suisse est fière de ses joueurs de curling. L'équipe du club lausannois a en effet ravi le titre à son pr