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Analyse

Les illusions du rugby proLa transition opérée dans ce sport a généré plus de stéréotypes que de talents nouveaux.

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publié le 12 avril 1999 à 0h41

La déroute de la France cette année est celle d'une croyance naïve

dans le professionnalisme. Cette logique fonctionne en termes de moyens et de moyenne. Il suffirait d'aligner les kilogrammes, de bétonner quelques certitudes sous forme de schémas tactiques et d'opposer entre elles les équipes réputées les meilleures. Or, dans l'expression «sport professionnel», il y a aussi «sport», c'est-à-dire une affaire d'intelligence, de créativité, d'inspiration, en un mot de jeu, sans quoi ce passe-temps, somme toute dérisoire, n'aurait pas survécu si longtemps, ni dépassé le cercle mince des supporters.

La première constatation, à la lumière de la saison de l'équipe de France et surtout de son dernier match contre l'Ecosse, c'est que la logique du professionnalisme rudimentaire ne génère pas de talents. C'était samedi une équipe de France dotée d'une troisième ligne faible, d'arrières peu décisifs, d'un pack émietté. Pourtant, elle était constituée des meilleurs joueurs français disponibles, ceux qui font chaque dimanche le bonheur de leurs clubs. Ils étaient perdus dans le contexte d'un match international aux figures plus complexes. Le réservoir tant vanté du rugby français n'est donc pas si riche qu'on le croit.

Coûts humains. Après le match, Jean-Claude Skrela, l'entraîneur, et Jo Maso, le manager, avancèrent sans trop insister ­ puisqu'il n'est pas de bon ton de regarder ailleurs quand se présente l'addition des pots cassés ­ que seulement six joueurs du grand chelem de l'année de