Sedan envoyé spécial
C'est un genre de rare bonheur. Un élixir pour connaisseur, qui se déguste avec lenteur, histoire de n'en rien perdre. Prenant à contre-pied le foot-pognon ambiant, le destin fait une fleur aux fervents de la glorieuse-incertitude-du-sport, et pose cette année son doigt sur Sedan. La petite cité exilée en lisière de Belgique, l'ex-ville de garnison assoupie en bord de Meuse déboule en cette fin de saison tel Dudule, son sanglier fétiche, dans la meute de l'élite du foot français. Une euphorie façon Mondial, mais cantonnée aux Ardennes. Juste retour des choses, plutôt que vraie surprise. Car ici, depuis toujours, les fous de foot sont plus nombreux que les électeurs ou que les salariés. Alors «l'équipe s'est mise au niveau du public», reconnaît Alex Di Rocco, l'avant-centre aux cheveux longs.
Stade comble. Au Sporting, le siège des «Sangliers», un des clubs de supporters du CSSA (Club sportif Sedan Ardennes), à deux pas de l'antique stade Emile-Albeau, le téléphone trépigne («Va falloir embaucher une standardiste», rigole un client posé au coin du bar), et la chasse aux places pour la demi-finale de Coupe de France, contre Le Mans, demain, ne connaît pas de trêve. Pour l'occasion, le prix grimpera un peu: 45 F la «popu», 55 le «pourtour», 80 le «gradin». Vendredi, toutes les places (13 500) ont trouvé preneur. En moins de trois heures. Après, si les Manceaux veulent bien s'incliner pour la troisième fois cette saison, ce sera «l'expé» au Stade de France, l