Son éternelle trogne de rougeaud s'anime. «Il y a des moments où
l'on est heureux de se trouver sur le court.» A 28 ans, Jim Courier, le double vainqueur de Roland-Garros (1991 et 1992), n'a plus rien d'une terreur. Rarement, pourtant, il a semblé aussi content de dérouiller la balle. Il le fait encore plutôt bien, avec une conviction qui ne se dément pas. Hier, sur le court n° 10, l'Américain a expédié l'Espagnol Calatava, issu des qualifications, en trois sets (6-1, 6-3, 7-5). Difficile de lui arracher des états d'âme. «Je suis content car ce genre de résultats est toujours bon», évacue-t-il. «Bon» pour une tête qui a souvent semblé ne pas vouloir suivre le rythme fou imposé à son corps.
Bras mort. Après avoir dominé le tennis mondial il y a neuf ans, Courier végète. Il pointe aujourd'hui au 59e rang mondial; son plus mauvais classement depuis 1987. De quoi cogiter, s'interroger sur la suite de sa carrière. En septembre, titillé par une douleur tenace au bras droit, il a même pensé remiser ses raquettes.
Le moral se cherche bas dans les chaussettes, et il court après un physique que son tennis, brut de décoffrage, a trop sollicité. Son bras droit de batteur demande un break. Les tennismen appellent ça un dead arm. Un bras mort. Voilà le bûcheron privé de sa hache. Un mal insidieux, amplifié par une tête qui a du mal à suivre; celle-là même qui, un jour, l'avait poussé à lire un bouquin lors d'un changement de côté. Brad Stine, son indécrottable entraîneur, pousse l'existenti