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Libération

Korda, mouton noir d'un sport trop blanc. Contrôlé positif à Wimbledon, il a dégringolé à la 111e place mondiale.

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publié le 26 mai 1999 à 1h10

C'est un personnage à la Lynch. Singulier. Peut-être trop. Son corps

usé se déplace façon cormoran mazouté. Sa voix, éraillée, articule: «C'est probablement mon dernier tournoi.» Sa trogne très Woody Woodpecker vient de sourire pour la première fois depuis février: il n'avait pas gagné depuis. Mais il risque de s'arrêter là. Moya se dresse sur un parcours en forme de chemin de croix. Petr Korda est la première affaire de dopage qui ramène un gros poisson du tennis. Le fantastique et fantasque Tchèque ­ qui fut un jour n° 2 mondial ­ s'est pris les pieds dans le filet, un jour de Wimbledon 1998. «Positif à la nandrolone»: un anabolisant. Après un marathon procédurier et de jolies volte-face des «autorités» du tennis, son avenir ­ en pointillé, il a 31 ans ­ a atterri au Tribunal arbitral du sport, à Lausanne. La cour suprême du sport doit, in fine, trancher d'ici à un mois. Le Tchèque, échoué au 111e rang mondial, risque fort une mise à la casse anticipée.

Pilori. La question, au fond, n'est pas de savoir si Korda s'est dopé ou non. Il l'a été. Lui nie farouchement. Comme tous les grands noms épinglés. La stratégie du juridisme et de la dénégation est le paravent des dopés. Mais, c'est un fait, scientifiquement établi, on ne trouve pas des métabolites de nandrolone dans les urines à l'état naturel. Korda est donc un dopé à son insu (ou pas). Ce qui est étrange, c'est l'unanimité avec laquelle les joueurs ont illico cloué Korda au pilori. Il faut dire que la fédération internati