Il tente tout, Pete Sampras. Le retour gagnant en coup droit
décroisé. L'agression au filet sur le retour. La récupération (déjà) entre deux échanges. L'Américain, n°2 mondial, mène deux sets à un, 4-4, 30-0 sur le service de Juan Antonio Marin. Il ose tout, Sampras, face à ce dur-à-cuire sud-américain. Mais ça ne marche pas, ça ne veut pas venir, ça se refuse à lui. C'est étrange: Sampras affiche toujours cet air de Droopy dès qu'il pointe ses raquettes sur la terre battue parisienne. Il est mené 5-4. Il sert. Et Juan Antonio Marin (Costa Rica), 24 ans, palmarès vierge, du haut de sa 92e place mondiale, retourne, passe et se pose en travers de sa route. Il s'offre trois balles de set qui ressemblent furieusement à des balles de match contre un Sampras épuisé, un Sampras dépité.
Il s'arrache, Pete Sampras. Ces balles-là, il les sauve. Malgré tout. Comme il en sauvera cinq dans le tie-break qui suit. Il a un petit côté maso et pathétique, Pete Sampras, dès qu'il foule la terre battue. Le genre qui place un coup droit sur la ligne, que Marin ne peut pas remettre. Mais qu'il renvoie sur un Sampras qui place une volée que Marin ne peut pas toucher. Mais qu'il passing-shoote, obligeant Sampras à se vautrer inutilement dans cette terre battue qui refuse obstinément de lui céder depuis dix ans. Il y tient, pourtant: son mentor lui a toujours seriné qu'un cador se jugeait à l'aune des tournois du Grand Chelem récoltés, sur toutes les surfaces si possible. A l'instar d'un Rod Laver.