Le sport a un âge. Samedi soir, à l'issue de la finale entre
Toulouse et Montferrand au stade de France, sera sacré le 100e champion de France de rugby. Toulouse visera son 15e titre pour enrichir le plus beau palmarès des clubs français. Montferrand, champion des finalistes malheureux, voudrait bien décrocher son premier titre. Le sport a un âge qui lui permet de raconter des histoires.
Sa première finale, Montferrand l'a disputée en 1936 contre Narbonne. La cité languedocienne était alors la circonscription du député Léon Blum qui tenait cette année-là la forme que l'on sait à la tête du gouvernement du Front populaire. Clermont-Ferrand était déjà la ville Michelin. L'ASM, auparavant, était encore l'Association spor-tive Michelin, avant que le règlement l'obli-ge à changer de nom. Le fabricant de pneumatiques s'étant souvenu qu'il possédait des terrains industriels à Montferrand, une commune voisine, l'ASM a alors changé de nom sans modifier son acronyme. La finale 1936 fut donc très lutte de classe, au moins chez les supporters. Le Midi rouge contre le symbole de la réaction. Le Midi rouge l'emporta de justesse, 6-3.
Etiquette paternaliste. Depuis, Montferrand a toujours eu du mal à se défaire de cette étiquette de club Michelin. Le paternalisme est un genre de gouvernement, c'est celui qu'a imposé Michelin à la ville de Clermont-Ferrand. Il y a encore des cités Michelin, l'hôpital fut fondé par l'industriel. Les ouvriers n'y ont pas une réputation de grande virulence. Le cl