Serge Simon, pilier du Stade Français, raconte la saison nationale
et internationale pour «Libération».
Le pilier gauche entre en mêlée avec, cette fois, la ferme intention de ne pas se faire ramasser comme un cageot de nèfles. L'impact est bon et même peut-être en sa faveur. Les appuis sont impec, juste un peu allongés, mais pas trop. La position qui permet d'avoir le dos plutôt plat et de ne pas ressembler à une canne à pêche à 10 balles qui aurait gaulé la plus vieille tanche de la mare. La tête est bien placée sous le sternum et surtout l'épaule gauche est, elle aussi, dessous. Le gaucher est un gars du dessous. Il se bat pour se faufiler, pour s'enfiler, se planter sous le corps du droitier. Ainsi fait et s'il n'a pas les reins en carton-pâte, il pourra, en se servant des poussées contradictoires, enfoncer le côté droit du pilar (pilier, ndlr), voire le «charger» et le monter au ciel. Pour le moins, le gaucher jouera son rôle de défenseur en permettant à son talonneur d'être à l'aise en ne prenant pas ce droitier dans le buffet. Parce qu'il est ficelle ce droitier, et il se file en traviole. Oh, pas à tous les coups, mais sur les importantes, et à force de le monter il est en train de fatiguer le talonneur, doucement mais sûrement. Mais là, ça va pas le faire, le gaucher le tient à l'oeil.
Le demi de mêlée est là avec la «gonfle». Il la montre aux gars par l'entrée du tunnel et l'introduit. Tout se met en branle, se contracte, se tend, s'enfonce. Le gaucher est toujours pa