Andre Agassi est un garçon méticuleux, pour ne pas dire maniaque. A
chaque changement de côté, l'Américain glisse consciencieusement sa raquette dans son sac. Carlos Moya, lui, la jette. De rage et d'incompréhension. Ce match contre l'Américain, l'Espagnol le tenait pourtant fermement de ce bras droit dynamiteur qui en avait fait le vainqueur de Roland-Garros l'an dernier. Il mène 6-4, 4-1, et son service à suivre.
Le 4e joueur mondial a connu un début d'année difficile. Contrairement à ce qui s'était passé la saison dernière, il n'a rien gagné avant d'arriver sur la terre parisienne. Il est entré dans le tournoi en douleur. Mené deux sets à rien contre l'Autrichien Hipfl, il s'en est sorti à l'expérience. Contre Petr Korda puis face à l'Arménien Sargis Sargsian, il a chaque fois lâché un set. Mais là, contre Agassi, il déroule. Son coup droit-coup de massue promène ou assomme l'Américain. Ses lobs et ses amorties le dégoûtent. Il mène 4-1 et il se dit: «Je frappe facilement, j'ai deux breaks d'avance, ce deuxième set est censé se dérouler comme le premier.» A ce moment du match, Dédé de Las Vegas, tête de série n° 13, pense aussi. Lui se dit: «Si je dois perdre le match, je dois le perdre en jouant à mon niveau.» Ce niveau qui lui a permis de remporter trois tournois du grand chelem (l'Open d'Australie en 1995, l'US Open en 1994 et Wimbledon en 1992), mais jamais celui qu'on lui croyait promis. A Roland-Garros, l'ex de Brooke Shields a atteint deux fois la finale. Deux fois