La première fois qu'on a prononcé le mot heptathlon devant elle,
Eunice Barber a dit «kezaco» . C'était il y a une bonne dizaine d'années, en Sierra Leone. Depuis, sous les couleurs de son pays d'origine, elle a terminé quatrième de l'heptathlon aux championnats du monde de Göteborg en 1995 et cinquième aux Jeux olympiques d'Atlanta en 1996. Ce week-end, c'est pour la France qu'elle sautera en longueur, lors de la Coupe d'Europe d'athlétisme qui se tient à Paris, au stade Charlety (lire encadré). Révélation. C'était il y a une dizaine d'années, donc. Eunice Barber faisait «un peu d'études et beaucoup de sports». De l'athlétisme, bien sûr, mais aussi du foot, du volley. Et en athlétisme, elle faisait beaucoup de tout. Du sprint, du demi-fond, des sauts. «Il n'y avait pas beaucoup de pistes dans mon pays, raconte-t-elle, on courait sur la route. J'ai choisi l'athlétisme sérieusement vers 13, 14 ans.» L'heptathlon, elle le découvre grâce à un diplomate français. Il s'appelle Daniel Dufour, il est attaché culturel à l'ambassade de France et fana d'athlétisme. C'est lui qui lui fait découvrir cette épreuve où il faut courir (100 mètres haies, 200 m et 800 m), lancer (le javelot et le poids), sauter (en longueur et en hauteur). «C'est à lui que je dois ma carrière. C'est lui aussi qui m'a envoyée en France.» A Reims, alors qu'elle a 16 ans. En France, alors que la plupart des athlètes de Sierra Leone pensent plutôt aux Etats-Unis ou à l'Angleterre. «Je ne voulais pas vivre dans u