Auckland, envoyé spécial.
Ce que le rugby appelle «tournée» est une chose bien étrange. Au souvenir des anciens, c'était comme un voyage initiatique, long et lointain, qui n'avait d'autre but que le voyage et l'initiation. Les premiers «touristes» les All Blacks de Nouvelle-Zélande justement faisaient route vers l'Europe en bateau, et il n'y a pas si longtemps que les jets vont si loin, si vite. Il y a encore une trentaine d'années, les équipes partaient pour deux mois, et là se bâtissaient les légendes.
Aujourd'hui, on ne voyage plus pour éprouver la couleur et la vitesse de son âme. Les tournées sont des accélérations de trois semaines destinées à bâtir et à perfectionner les équipes avant les coupes du monde.
Celle de cette année devait conduire l'équipe de France des Samoa en Nouvelle-Zélande pour trois matchs, un par semaine. L'insistance des autorités françaises qui reprennent pied dans le Pacifique après l'apaisement en Nouvelle-Calédonie et la fin des essais nucléaires à Mururoa a poussé le XV de France à faire escale au Tonga pour un match de milieu de semaine. Il y avait, dans les tribunes, la fine fleur des représentants civils et militaires de la France dans l'hémisphère Sud. Tous saluèrent la fille du roi, lui-même soigné ces temps-ci en Nouvelle-Zélande pour des problèmes de poids récurrents.
Ce fut donc une affligeante débâcle française (Libération du 17 juin). Battu 16-20, le XV tricolore n'a pas su mettre à la raison un XV tonguien finalement assez pâl