Médecin et psychiatre du sport au CHU de Clermont-Ferrand, François
Poyet décrypte, pendant la Grande Boucle, l'environnement du peloton.
L'observation attentive des pelotons professionnels et élites 2 amène à s'interroger sur la nature des conduites de nombreux coureurs, sur leurs discours récurrents. Ils ne sont sans doute pas les seuls sportifs à se comporter ainsi. A «faire le métier» de cette manière. Il serait d'ailleurs utile que des scientifiques se penchent sur les racines de ces dérives comportementales du haut niveau. Et sur cette dévitalisation des paroles proférées à longueur de médias par les sportifs eux-mêmes ou par ceux qui rapportent leurs faits et gestes. Le cyclisme, toutefois, paraît «cristalliser» (verbe à la mode) ces multiples distorsions d'avec la réalité. A tel point qu'il devient aux yeux du psychiatre comme un inattendu champ d'expression de pathologie expérimentale. On y trouve l'épanouissement de véritables psychoses susceptibles d'être baptisées sous le terme de «psychose du coureur cycliste de haut niveau». Cette psychotisation se traduit par une non- perception des réalités simples de la vie sociale, une ritualisation des comportements, l'élaboration d'un paralangage, le refuge dans les croyances irrationnelles, un égocentrisme forcené, une paranoïa face aux vraies questions, une incapacité majeure de projection dans un avenir, une abolition des barrières morales, une appétence toxicomaniaque et des conduites suicidaires inconscientes. Il fau