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Libération

A ses fidèles suiveurs, la Grande Boucle reconnaissante. Sur les podiums, le Tour récompense à tout-va.

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publié le 12 juillet 1999 à 23h43

Metz, envoyé spécial.

Alors que les coureurs suent abondamment à en perdre la maîtrise de leur bicyclette, le Tour de France récompense, comme chaque jour, les plus méritants de ses serviteurs. Hier c'était le roi de la crème glacée que l'on a appelé. Il s'avance avec modestie. Dans quelques instants le Tour va le décorer pour ses 41 Grandes Boucles. Il va entrer dans la postérité des marchands de glace pour avoir si consciencieusement administré sa charge. Le petit homme est mal à l'aise car ce n'est pas le même public que d'habitude, se dit-il à lui-même. Et que font tous ses gens bien mis dans ce village grillagé? Jamais il ne leur viendrait à l'idée d'acheter des glaces dans mon petit camion. Dans l'esprit du vendeur, ses 41 Tours se bousculent. Le voilà prisonnier d'un cauchemar de glacier. C'est terrible. La foule, toutes griffes dehors, réclame sa tête au bout d'une pique car il est en rupture de cornets à la vanille-fraise. Il mouille sa chemisette, car bientôt il ne lui restera plus qu'un carton de glaces à l'eau, et encore à la pistache. Mais sapristi, pourquoi avoir mis le magnum chocolat «avec pépites» à un prix si élevé? Ils vont encore lui rester sur les bras et voilà que son ambulante affaire tangue pour de bon. Car, dans le cauchemar, un mauvais coucheur s'est accroché à son étalage et lui reproche de faire commerce de chocolats pyrénéens dans les Alpes. L'exalté menace d'envoyer son fonds de commerce dans le ravin.

«C'est l'émotion.» Un membre du protocole le