Saint-Etienne, envoyé spécial.
Vincenzo Santoni vit-il encore dans la préhistoire du vélo, une époque où les langues bien pendues et la convivialité représentaient toute l'essence du milieu cycliste? Car, contrairement aux autres directeurs sportifs, il n'est pas homme à mâcher ses mots. Le sourcil broussailleux, le regard vif, cet ancien coureur amateur, même tiré à quatre épingles sous son polo aux couleurs bleues de l'équipe italienne Cantina Tollo qu'il dirige depuis trois ans, ne semble guère complexé par sa «différence». Le barnum sans cesse grandissant qui l'entoure n'affecte pas son côté humain. «Posez-moi les questions que vous voulez et j'y répondrai», lance-t-il. Un choc, lorsque, après quinze jours, peloton et suiveurs chantent en coeur: «Quand allez-vous enfin parler vélo?» Santoni le sait mais n'en a cure. Directeur de la plus modeste des équipes engagées sur ce Tour (14 millions de francs contre les 50 de la Mapei), invitée par Jean-Marie Leblanc après que la formation Vini Caldirola ait été refusée à la dernière minute pour moralité douteuse, Santoni vit le Tour autrement. Sans grosse prétention, mais avec une certaine clairvoyance.
Montrer le maillot. Pour sa première participation à la Grande Boucle, ce directeur sportif espère simplement pouvoir montrer le maillot de son sponsor le plus souvent possible. «On est venu faire un peu de spectacle. C'est tout.» Mais débarquer au débotté dans une course de cette envergure l'a quelque peu déboussolé. Il faut dire