Saint-Gaudens, envoyé spécial.
Le Tour a façonné son médecin-chef, qui est tout en rayons et étagères. C'est très commode pour ranger les dossiers. Le docteur Gérard Porte inspire une honnête sympathie, probablement parce qu'il en sait long et que sa bouche est cousue avec du fil chirurgical. Même pendu par les pieds et secoué comme un prunier par de solides gaillards, rien ne tombera des poches. Le docteur Porte soigne, panse, pommade, recoud, cautérise. On l'a compris il ne purge pas l'histoire du dopage. Passion aveugle. Mais ce qui fait surtout son irrésistible charme, c'est qu'un pêcheur d'écrevisses ignorant des choses du braquet peut devenir rapidement son égal, tant les affaires de dopage lui semblent étrangères: «il est très difficile de déceler une accoutumance à l'Epo, comme on peut le voir avec certaines drogues.» La vitesse? «Vous savez les coureurs arrivent toujours fatigués...» Sa passion l'aveugle et en d'autres circonstances, on l'aurait embrassé tellement cette ferveur enfantine pour le vélo ne l'a jamais quittée, même quand il lui poussa du poil au menton. «Jacques Anquetil était témoin à mon mariage», dit-il. On dansa ce jour-là avec un entrain peu ordinaire. Le Tour n'a pas confié ses clefs à n'importe qui. Une telle carrière ne peut se construire qu'à l'ombre des grands pédaleurs, qu'il aime d'un amour vif.
Certes, des anciens médecins lui ont bien rapporté des comportements étranges que la science a fini par élucider. «Je n'ai pas connu personnellement