La scène se répète à l'infini. D'abord, c'est Benjamin Louche,
l'entraîneur de l'équipe de France, qui, d'un «top» laconique, donne le départ. Dans un silence religieux, Sébastien Yazinski, le petit nouveau de la sélection, enchaîne les gestes avec la régularité d'un métronome. Il extrait la flèche du carquois, la pose sur son arc, puis en descend le viseur vers le centre de la cible. Le mouvement, fluide, ne varie pas. Un bruit mat ponctue l'arrivée du trait sur le bois. Mais Benjamin Louche n'a pas daigné y jeter un coup d'oeil. Son regard sévère n'a pas lâché son poulain. «Mouaaais... C'est pas un mauvais tir, mais t'as manqué d'investissement...» Plutôt porté à la retenue, l'entraîneur de tir à l'arc n'a guère de points communs avec nombre de ses homologues d'autres disciplines sportives. Pas d'effusion, nul débordement. Ici, on parle peu. Et bas.
Depuis vendredi et jusqu'à jeudi, la discipline fait pourtant du bruit. Près de 550 archers, représentant 74 nations, déversent leurs traits sur les pas de tir du stade de Riom (Puy-de-Dôme), à l'occasion des 40e championnats du monde. Un record de participation. C'est qu'à l'issue de l'épreuve, 86 archers et archères gagneront leur ticket pour les JO de Sydney. Emmenée par Lionel Torrès, numéro un mondial, l'équipe de France masculine entendait faire bonne figure dans cette guerre des nerfs.
Mental capital. «A ce niveau, on délaisse tous les aspects techniques, sensoriels et tactiles, prédit Lionel Torrès. Ceux qui arriveront e