C'est l'histoire d'un type qui n'a pas eu de jeunesse et ne voulait
pas vieillir. L'Anglais Linford Christie, 39 ans, retiré des pistes depuis deux ans, a été contrôlé positif à la nandrolone après avoir couru un 60 m en salle lors d'un meeting mineur, à Dortmund en Allemagne, le 13 février. Sa fédération l'a annoncé hier seulement en précisant que son licencié avait été suspendu par la fédération internationale.
Ce 60 m, Christie ne l'a même pas gagné, mais il a tapé un 6''59, pour épater les jeunes qu'il entraînait depuis quelques temps. On pourra se demander pourquoi un ancien champion se dope encore. Et il y a deux réponses possibles. Soit que le dopage est une toxicomanie dont on ne décroche pas facilement et qu'un athlète accro ne saurait envisager de courir sans sa dose. Soit que Christie lutte maintenant contre le temps qui passe et ne revient pas.
On peut penser aussi que les deux réponses se mêlent et que la nandrolone, au fond, n'est que le symptôme de la douleur qui habite les champions, qu'ils ne montrent pas puisqu'on ne veut pas la voir, et ne les quitte pas toujours. Alors, ce qui arrive à Christie, est tout à fait répréhensible, mais il n'est pas indispensable de lui faire la morale.
Le soupçon du dopage a toujours flotté dans la foulée du sprinter anglais. Quasiment depuis le début de sa carrière. En 1988, Linford Christie finit troisième derrière Carl Lewis de la finale d'enfer des jeux Olympiques de Seoul remportée par Ben Johnson, record du monde pulvérisé e