C'était un homme au-dessus des autres. Un athlète au-dessus du lot.
Il planait, délectable. Insoupçonnable. Intouchable. Une sorte de valeur refuge à l'ère du dopage roi et de la suspicion généralisée. Vingt et une fois, il avait surmonté, de son seul corps-tige, les 2,40 m. Il s'élançait avec peu d'élan, cinq foulées. Economes. Et accompagnées par le silence que le stade réserve aux icônes de la piste. Il était emblématique, charismatique, élastique. Velouté de la course, violence de l'impulsion, douceur de la réception: les aficionados savouraient.
Il avait 31 ans, deux titres mondiaux, une gloire olympique. Il avait, comme tous ceux qui ont longtemps brillé, peur de l'ombre. Il avait tout gagné; il ne lui restait qu'à tout perdre. C'est fait. Depuis ce 3 août, Javier Sotomayor est redescendu de son nuage flottant. Image fracassée, symbole brisé. Le Cubain s'est chargé à la cocaïne. Peu importe, au fond, que ce se soit produit aux Jeux panaméricains de Winnipeg (Canada). Là où trois médaillés d'or viennent d'être déclassées pour dopage. Joli pactole. Lui venait d'y glaner son quatrième titre. Et le milieu s'extasiait déjà sur le énième retour d'un athlète. Un talent rare qui, malgré un dernier titre mondial en indoor au Japon en 1999, savait son apothéose derrière lui.
Zen. Cocaïne. C'est étrange. On peut sourire à l'évocation par Fidel Castro, le 27 juillet, d'une «coopération antidrogue avec les Etats-Unis.» 4 500 kg ont été saisi cette année sur l'île, une augmentation de