Lorient, envoyé spécial.
Il pleut enfin sur Lorient. Une pluie qui libère de la canicule bretonne mais ne douche pas l'enthousiasme studieux de l'équipe française qui prépare la coupe de l'America. Le compte à rebours est serré. Le seul bateau tricolore a touché l'eau le 18 juin, date symbole pour mobiliser des énergies neuves. Youri Djorkaeff, parrain de 6e sens, est venu transmettre le relais du foot champion du monde à la voile modeste et prudente qui, officiellement, ne vise que les phases finales des challengers (les six meilleurs). Depuis, les travaux et les jours s'enquillent en accéléré. Deux mois pour tester le potentiel du voilier et dégrossir un équipage débutant aux deux tiers, c'est peu. Le cargo charge mi-août pour la Nouvelle-Zélande. Les éliminatoires commencent mi-octobre à Auckland. En attendant, ça usine non-stop. Visite embarquée.
10 heures. «6e sens» se donne à voir Béton gris, mouettes gueulardes. Abandonnée par les militaires, la base sous-marine entame sa mutation. La ville compte sur les voiliers (le Class America mais aussi les trimarans d'Alain Gautier ou de Franck Cammas) pour redorer son blason et remplacer les sous-marins nucléaires qui ont déserté les alvéoles de béton construites par les Allemands pendant la guerre. Orange pétant et bleu cinglant, 6e sens patiente sur son ber, dévoilant ses oeuvres vives et ses appendices (quille, safran), traditionnellement masqués par la paranoïa gouvernant le monde de l'America. Une grue jaune le sort de l'ea