Depuis près de vingt-cinq ans, Alain Prost fréquente les circuits
automobiles. Sacré quatre fois champion du monde, il détient le record du nombre de victoires en Grand Prix (51). Il y a trois ans, il a troqué sa combinaison de pilote pour le costume de patron. Et porte un regard critique sur la profession de pilote.
Le métier de pilote a-t-il changé ces dernières années?
Pas de façon considérable. Depuis dix ans, les pilotes ont eu à s'adapter à un petit plus technologique. Aujourd'hui, on demande, ou on devrait demander à un pilote de s'impliquer davantage dans son travail, qui ne se limite pas à conduire une voiture. Son rôle est aussi de motiver et de galvaniser l'équipe. Il doit être en prise constante avec tous les membres de l'équipe. Décortiquer les relevées de la télémétrie pendant des heures, c'est peut-être fastidieux mais c'est indispensable. Il y a vingt ans, une longue discussion avec son ingénieur était suffisante pour faire le tour des réglages et de la mise au point de la voiture. Désormais, il faut y ajouter le temps passé avec une dizaine d'ingénieurs ou de techniciens qui sont très demandeurs de l'avis des pilotes. Même si les paramètres examinés sont toujours les mêmes: aéro, moteur, freins suspensions, etc.
Tout paraît pourtant plus compliqué.
Ça ne l'est pas, mais c'est plus long, parce qu'un peu plus fin et plus précis. Et puis les équipes ont grandi avec le temps. Ce qui fait la différence, c'est que, désormais, l'on développe beaucoup plus les monoplace