Séville, envoyé spécial.
Elle avait un physique de reine de beauté mais restera reine maudite de l'athlétisme. Jamais, en presque vingt ans de carrière, Merlene Ottey n'aura réussi à décrocher un titre majeur olympique ou mondial sur la distance suprême. La Jamaïcaine ne comblera pas ce manque lors des championnats du monde de Séville, qui débuteront dans la tourmente, samedi. Ce jour-là, lors des séries du 100 mètres, l'aimanteuse de regards ne sera pas là. La caution morale élevée au statut de mythe aura déserté le tartan.
Il a fallu, pour ça, un simple contrôle de routine. C'était le 5 juillet, à Lucerne (Suisse), et la nandrolone s'était invitée dans ses urines. Le même stéroïde anabolisant retrouvé, le même mois, chez un autre presque quadra de l'athlétisme, Linford Christie (Libération du 5 août). Un partenaire d'entraînement" L'Anglais était semi-retraité. Il avait, lui, obtenu le Graal sur 100 mètres aux Jeux de Barcelone. La fille qui disait: «L'athlétisme est une forme d'art» (Libération du 5 septembre 1997) ne désespérait toujours pas, elle, de le toucher. Dimanche, dans le sud de l'Espagne. Ou l'an prochain, aux JO de Sydney.
Le coup le plus dur. La nouvelle du contrôle positif de Merlene Ottey, à deux jours de l'ouverture des championnats du monde, assène à l'athlétisme le coup le plus dur depuis le bannissement, aux JO de 1988, de Ben Johnson. Sa signification est encore plus terrible: si Big Ben exhalait le soufre, Ottey justifiait toujours, aux yeux de ses f