Médecin, sociologue, Patrick Laure est spécialiste des drogues de la
performance au CHU de Nancy.
C'est la question du moment: pourquoi une telle «épidémie» de nandrolone frappe-t-elle autant d'athlètes a priori expérimentés? Il s'agit là d'un vieux stéroïde anabolisant, facilement décelable, voire dépassé. Etrange: ces sportifs pourraient recourir à une autre gamme de produits, plus puissants et totalement indécelables, comme l'hormone de croissance.
Le boom de positifs à la nandrolone vient peut-être de l'usage intempestif de nouveaux produits, comme la 19-norandrosténedione, la 4-norandrosténediol et tous leurs autres dérivés. Une gamme d'hormones dont la molécule de base est sans cesse modifiée par ajout ou suppression de quelques radicaux mineurs. Tout comme l'ecstasy. Elles sont donc présentées comme «neuves» aux sportifs ou comme «pas encore inscrites sur la liste des substances interdites». Et donc «utilisables sans dommage». Problème: ces produits se dégradent notamment en métabolites" identiques à ceux de la nandrolone. Normal puisque à l'origine ils proviennent de la même molécule. Un test antidopage les décèle donc sans difficulté. Et l'athlète est déclaré dopé alors qu'il pensait, grâce à ces nouveautés au nom imprononçable, rester négatif. Plus généralement, la nandrolone jouit d'une excellente réputation, expliquant en partie cet engouement. Elle figure chaque année parmi les trois stéroïdes anabolisants les plus décelés. Elle n'est devancée que par la tes