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Libération
Portrait

Primo Nebiolo, despote éclairé. Sous son règne, l'athlétisme est devenu sport-spectacle.

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publié le 21 août 1999 à 0h16

Séville, envoyé spécial.

Quand on lui parle de son despotisme, il répond «engagement». Si on évoque le paradoxe de sa fédération qui s'intitule «amateur» et distribue aux athlètes de l'argent à poignées, il répond «dédommagement». Primo Nebiolo, président de l'IAAF (Fédération internationale d'athlétisme amateur), n'est pas un type qui se laisse démonter. Ça pourrait n'être qu'habileté de rhéteur. Mais cet homme-là a des convictions. On ne construit pas une organisation qui se situe au niveau du CIO (Comité international olympique) ou de la Fifa (Fédération internationale de football) avec des certitudes de maquignon.

Primo Nebiolo a été élu, mercredi, pour la sixième fois à son poste. Comme le vote précédent, ce ne fut pas à bulletins secrets, ni même à main levée, mais par acclamation. Il était le seul candidat et avait le soutien déclaré de 126 des 210 fédérations. Ce n'est pas un modèle de démocratie, c'est un pur exemple du clientélisme qui gouverne le sport à tous les niveaux, et Nebiolo n'a rien inventé. Ce Turinois est certainement un César, un esprit fort que l'odeur des lauriers grise.

Amoureux du sport. Il s'y est habitué très jeune. Né en 1923, il a commencé sa vie d'adulte comme volontaire dans l'armée italienne, celle de Mussolini. Quand le Duce tombe, que les Allemands occupent l'Italie en 1943, Nebiolo rejoint les partisans. En 1945, il est nommé préfet pour le Piémont par le Comité national de la libération. Il est à peine un homme, il est très compétent, il e