Médecin, sociologue, Patrick Laure est spécialiste des drogues de la
performance au CHU de Nancy.
D'ici à un à deux ans, l'EPO et l'hormone de croissance, deux substances phares pour les dopés, seront dépassées. Dans les laboratoires pharmaceutiques, la plupart des molécules révolutionnaires qui en prendront la relève sont prêtes. Voire déjà expérimentées sur l'homme. Et évidemment indécelables lors des contrôles antidopage.
1. L'EPO-PEG: une «forme retard» de l'EPO. Elle possède, bien entendu, les mêmes effets biologiques que sa grande soeur: stimuler la fabrication des globules rouges et ainsi favoriser l'oxygénation des muscles. Mais elle agit plus longtemps: elle ne nécessite qu'une injection par mois ou tous les deux mois, contre environ une par jour pour l'EPO. De plus, elle se conserve à température ambiante quand l'EPO doit être maintenue entre 2 °C et 8 °C. Ce qui facilite grandement son transport. On pourra donc l'utiliser partout, d'autant qu'elle se présente sous la forme très pratique de stylo auto-injectable. Les usagers ou leurs soigneurs n'auront même plus besoin d'apprendre à faire des injections. 2. Les peptides mimétiques de l'EPO. A l'origine, l'EPO est une sorte de chaîne comprenant 165 maillons: les acides aminés. L'action de ce dopant n'est pas due à l'ensemble de la chaîne, mais seulement à certaines séries de maillons. Or on est parvenu à isoler puis à synthétiser ces séquences: ce sont les peptides mimétiques de l'EPO. Mimétiques parce qu'ils entraî