Or: Barber (Fra): 6861 pts
Argent: Lewis (G-B): 6724 pts Bronze: Shouaa (Syr): 6500 pts
Qu'est-ce qui compte le plus dans une vie, une médaille d'or ou une jeunesse bouleversée? La Française Eunice Barber a eu les deux. Hier, elle a remporté l'heptathlon, record de France dépoussiéré à la clé. Avant cette consécration, elle a été l'un des 400 000 Sierra-Léonais (sur 5 millions d'habitants) qui ont fui leur pays depuis le début de la guerre civile, en 1991.
Quand elle en parle, la troisième championne du monde de l'athlétisme français (après Diagana et Pérec) dit «les troubles» ou «la situation politique difficile». En fait, la Sierra Leone, malgré le très fragile accord de paix en vigueur aujourd'hui, reste la proie de la terreur sanglante que le Front révolutionnaire uni fait régner à coups de machette. Les ONG évoquent 50 000 morts depuis huit ans, les témoignages rapportent des milliers de cas de mutilations bras ou mains coupés, yeux crevés pratiquées par des commandos d'adolescents exaltés et surarmés.
Refuge à Reims. Un jour, la mère d'Eunice Barber l'a encouragée à partir, car la vie était ailleurs. Elle est arrivée à Reims, sa soeur est à Londres. Elle a été naturalisée française au printemps. On pourrait, alors, évoquer ces pratiques cyniques des pays riches qui consistent à naturaliser les bons athlètes des pays pauvres ou en proie au chaos. Mais dans ce cas précis, il vaut mieux rester pudique, même si l'on note que pour un damné de la terre à la recherche d'un r