Las Vegas, envoyé spécial.
C'était un pari à 100 contre 1 qui aurait ravi les bookmakers. Que pouvaient donc gagner les échecs, roi du jeu où le hasard n'a pas sa place, en tenant leur Mondial du 31 juillet au 29 août dans la capitale des jeux où la chance profite aux casinos? Que cherchait donc Kirsan Ilioumjinov, président d'une fédération internationale (Fide) où le consensus est un principe et le népotisme reste la règle? Que voulait donc le président de la République autonome de Kalmoukie, à la richesse douteuse (1), dans une ville désormais représentée par un ancien avocat de la pègre locale?
Nouveau riche contesté et contestable, Ilioumjinov, fan de Saddam et du Pape, de Michael Jackson et de Samaranch (président du CIO), rêvait donc de faste, de clinquant, de reconnaissance. Il aura glané un signal dudit Samaranch («Les échecs combinent valeur sportive et fair-play, comme notre éthique olympique» sic). Il aura obtenu la photo de Bill Clinton sur la jaquette de présentation. Il aura récolté un remerciement de l'hôtel Caesar Palace haut lieu du sport-spectacle pour l'argent dépensé («Merci d'être venu»). Et, enfin, annoncé une visite de Gorbatchev, reconverti agent d'ambiance, mais resté au chevet de sa femme, malade. Comme a joliment flingué la Hongroise Judit Polgar: «Les échecs n'avaient pas besoin de Las Vegas. Mais la ville avait encore moins besoin des échecs.»
Cruellement, les échecs, dans l'affaire, auront surtout brillé par leur anonymat, leur amateuri