Or: El Guerrouj (Mar): 3' 27'' 65
Argent: Ngeny (Ken): 3' 28'' 73 Bronze: Estevez (Esp): 3' 30'' 57 El Guerrouj ne court pas, il vole. A Séville, avant même qu'il ait foulé la piste, il était une légende. El Guerrouj est un dieu du 1500 m. Mais c'est un état temporaire.
Hier soir, loin derrière lui, une ombre peinait. Il y a moins de quatre ans, on employait les mêmes mots, on épuisait les mêmes métaphores pour parler de Noureddine Morceli. L'Algérien a 29 ans et ceux qui ont déposé les superlatifs au pied de son autel ont maintenant des accents de pudeur scandalisée à le voir s'exhiber ainsi déchu. Morceli montre la jeunesse qui passe, le corps qui faiblit sous la loi des performances, et le sport moderne ne peut le supporter.
El Guerrouj ne voit pas tout ça. Le Marocain ne regarde personne. Il a de grands yeux noirs, comme soulignés au khôl, qui lui font un visage un peu craintif sur son corps frêle. El Guerrouj semble ailleurs. C'est lui qui a déboulonné Morceli. Il a bientôt 25 ans et, pour le moment, son ailleurs, c'est devant. Et tous les autres derrière.
Tactique. Le 1500 m, c'est la course la plus tactique. Le Français Chekhemani, éliminé en demi-finale, dit d'ailleurs que c'est tout son intérêt. «Le plaisir de cette course, mon plaisir, c'est le stress avant, quand on s'interroge sur la tactique qu'il faudra adopter.» Cela ne concerne pas El Guerrouj. A Séville, on dirait qu'il n'est sensible qu'au vent de sa seule course. La question était de savoir qui viendrait der