Séville envoyé spécial
Si Frankie Fredericks avait été américain, aurait-il passé sa vie à courir après l'or olympique sans jamais l'atteindre? Aurait-il gagné un jour le titre d'homme le plus rapide du monde? Serait-il aujourd'hui, à près de 32 ans, présent aux Championnats du monde de Séville? Il y est arrivé inscrit sur le 100 et le 200 m. Incapable de trancher entre les deux distances. Comme un «vieux» qui ne veut plus perdre l'occasion d'accrocher une médaille, de poser le pied sur un podium. «J'entends quand on me dit qu'il faudrait que je me concentre sur une seule épreuve dans les grands événements, disait-il avant les championnats. Je suis conscient que j'aurais alors plus de chance de gagner une médaille d'or. Mais très honnêtement, je n'arrive pas à dire quel est mon sprint préféré.» Reconquête. Il a pourtant dû choisir. Ou son corps a choisi pour lui. Dimanche matin, il ne s'est pas présenté à la demi-finale du 100 m. Dos douloureux. Et il a envisagé se retirer du 200 m. Il a finalement gagné sa place en finale du demi-tour de piste. Et devrait tenter de reconquérir ce soir le seul titre majeur qu'il ait jamais gagné. Six ans après celui de Tokyo. Frankie Fredericks n'est pas américain. Il est né en 1967 à Windhoek. Namibie. Un pays qui n'était encore à l'époque qu'une province sud-africaine. C'est d'ailleurs le maillot sud-africain qu'il porte pour la première fois, ils n'étaient que quatre Noirs dans l'équipe nationale d'athlétisme. Ce maillot que l'apartheid