Besançon envoyé spécial
Jamais championnat de France n'avait été aussi relevé, jamais son vainqueur n'avait été aussi jeune. Pourtant, en devenant vendredi soir, à 16 ans, le plus jeune champion de France de toute l'histoire des échecs, Etienne Bacrot, s'est probablement dépouillé de l'habit du «jeune prodige». Etiquette qui lui colle à la peau depuis qu'un jour de 1997, à l'âge de 14 ans, il avait raflé le titre de plus jeune grand maître de tous les temps, après Bobby Fischer et Garry Kasparov.
Le paradoxe est sans doute riche de promesses: le jeune Bacrot est devenu grand. Il a mûri. Il quitte le livre des records pour prétendre à l'entrée dans le club des meilleurs. Non seulement parce que cette victoire dans la 74e édition du national s'est construite face à une opposition sans précédent (1). Mais, de surcroît, parce qu'elle intervient après deux succès retentissants cette année. Dont l'un à Lausanne, contre tous les autres petits génies que compte la planète aux soixante-quatre cases.
Sa précocité avait fait perdre de vue le caractère presque naturelle de sa progression Bacrot était vice-champion de France l'an passé et l'acquis technique et nerveux accumulé ces dernières années. Le brio avec lequel il s'est débarrassé en finale d'un David Marciano, pourtant impressionnant tout au long de l'épreuve, ou sa maîtrise en demi-finale devant Darko Anic en disent long sur les progrès accomplis. Même sa défaite en début de compétition devant Christian Bauer qui termine à la