Cheste envoyé spécial

La poisse aura donc enfin réussi à lâcher Régis Laconi. Hier, sur le circuit de Valence, le bouillant pilote Yamaha du Team Red Bull a ajouté son nom sous celui de Christian Sarron, dernier pilote français à avoir remporté un Grand Prix 500 cm3. C'était en 1985 à Hockenheim. Là aussi il avait plu, même si, hier, la course a eu lieu sous une accalmie.

Drapeau tricolore. Mais Régis Laconi est loin de penser aux tablettes. Lui préfère pleurer. Des larmes de joie traduisant une rage de vaincre qui l'a toujours habité. Des yeux humides à vous arracher le coeur. En bas du podium, les gars de chez Tecmas, son ancien team, sont là, drapeau tricolore à la main. Les Tech3 aussi ont tenu à saluer la performance du pilote de Bar-le-Duc. Entouré de Kenny Roberts et de Garry McCoy, Régis, 24 ans, a le visage tordu par l'émotion. «Pendant le dernier tour, je ne pensais plus qu'à une seule chose, avoue-t-il. A mon frère Alban, décédé accidentellement il y a cinq ans. Je lui ai dit: "T'as vu, je l'ai fait. J'avais pensé à lui la veille, après ma pole, ma première aussi. Il était mon mécano. Il aurait été là.» Derrière ses yeux noirs, son sourire généreux revient. Le bonheur d'avoir enfin réussi à montrer de quoi il est capable. Mais que ce fut long!

Toutes ces années à se battre, tel Don Quichotte, contre les machines usines, à accumuler les tracas et les doutes, autant de circonstances négatives qui lui collaient à la peau comme des sangsues. Depuis son titre de champio