Ils fument comme des sapeurs et boivent du gin tonic tard dans la nuit. Une télévision suffit à leur bonheur et, dès les premiers beaux jours, un ballon rond qu'ils baladent en hurlant sur un stade loué 200 à 400 yuans (140 à 280 francs) de l'heure. Grant, Tao, Shanshan, Yuan, Haipeng et Jie sont fous de foot. Agés de 17 à 38 ans, ils se retrouvent depuis peu au parc Chaoyang, dans l'est de Pékin. Là, au pied d'une immense disco, Grant vient d'ouvrir un bar où les jeunes Pékinois peuvent déguster un verre de vin au bord d'un lac. Ils se rendent à «Cannes», le nom du bar (Grant est aussi un fou de cinéma, c'est de Cary Grant qu'il tient son prénom), et donc en Europe, le continent du foot, berceau des plus grands clubs.
Car la pratique chinoise du ballon rond les laisse de glace. C'est tout juste s'ils parviennent à citer un club national. Certainement pas le Shenhua de Shanghai, ni le Liaoning du DongBei. S'ils osaient, ils diraient que c'est tout juste bon pour les filles. Mais la formule tomberait mal: en juillet, les Chinoises ont joué la finale de la Coupe du monde face aux Etats-Unis. Certes, elles ont perdu; mais un titre de vice-championnes du monde vaut toujours mieux qu'une absence de la scène internationale: le triste sort de l'équipe nationale masculine. «C'est normal que les Chinoises se classent bien, le niveau du foot féminin est faible au plan mondial. Celui du foot masculin est en revanche très élevé, c'est donc plus dur pour les Chinois», constate élégamment