Narbonne, envoyé spécial.
C'est un rituel comme un autre, une conférence de presse différente, celle où le jeu des pronostics est suspendu: hier, Jo Maso a donné la composition de l'équipe de France qui rencontrera demain le Canada à Béziers. Une feuille est distribuée, où la liste est inscrite, et le manager la lit. Pendant ce temps, l'entraîneur Jean-Claude Skrela scrute les visages en face de lui. Au fur et à mesure, son visage s'éclaire. Il a l'air serein, à la limite de la jubilation.
Jo Maso dit: «Les trente joueurs ont tous beaucoup travaillé. A un moment, il faut faire un choix. Tous sont très près les uns des autres, nous avons choisi ceux qui ont un petit plus de condition physique.» Impossible de savoir s'il dit la vérité, s'ils ont composé la feuille de match en fonction de choix tactiques, bref, s'ils estiment que certains sont meilleurs que d'autre. Ce qui se dit là, qui sera repris par les journaux, est un discours à l'intention des joueurs. Dans un groupe de trente hommes, il faut que la cohésion persiste pendant cinq semaines de compétition. Pas question de blesser les amours-propres plus que nécessaire. «Bien sûr qu'il y a des déceptions, dit Skrela. Si les joueurs qui n'ont pas été retenus n'étaient pas déçus, ils n'auraient rien à faire avec nous. Chez des compétiteurs, il ne doit pas y avoir de résignation.»
Mais il ne s'en fait pas plus que cela. Tout semble bien marcher. Les joueurs connaissaient leur destin de la semaine depuis la veille. Mercredi, ils